De l’obéissance à la responsabilité

Éducation et obéissance sont deux concepts qui ont historiquement fait bon ménage, cela aux dépens toutefois de l’intégrité des individus, petits et grands. De plus en plus, les enfants et les jeunes expriment leurs opinions et leurs sentiments avec clarté, ils argumentent et s’attendent à être pris au sérieux. Ils contribuent donc à la lente érosion de cette « culture de l’obéissance », et c’est tant mieux, puisque la condition optimale pour nos vies, et la qualité de celles‑ci, est que nous puissions choisir, librement, quand et à qui nous voulons obéir, et quand il nous faut protéger notre intégrité personnelle et devenir responsable.

La possibilité de choisir protège en effet les gens de la soumission et de la dépression. L’exigence absolue d’obéissance chez les enfants et les jeunes bloque au contraire tout simplement leurs possibilités de développer une estime de soi saine et les rend en conséquence vulnérables et malades. Le manque de confiance envers les enfants qui accompagne aussi généralement la manière dont de nombreux parents et professionnels éduquent les enfants a les mêmes conséquences. Il est donc grand temps de changer de paradigme et de passer de l’obéissance à la responsabilité !

Bien qu’êtres socialement compétents dès la naissance, les enfants et les jeunes ont toutefois toujours besoin du leadership adulte. Ils ont besoin d’être accompagnés, d’être guidés dans leur apprentissage de la vie en communauté. Les recherches en neurosciences affectives et sociales montrent aujourd’hui que la forme optimale d’accompagnement est un dialogue empathique permanent où chacun apprend à connaître l’autre et où les enfants sont libres de profiter de l’expérience et de la sagesse des adultes.

L’empathie : ce qui nous relie les uns aux autres

Bien que naturellement tournés vers les uns vers les autres et dotés d’un sens de l’empathie, nous éprouvons toutes et tous, parfois, des difficultés à établir ce contact authentique qui nous permettrait de nouer et nourrir des relations empreintes de confiance et de respect réciproque.

Notre bien-être et la possibilité de mettre du sens dans nos vies sont pourtant étroitement liés à ce sentiment de confiance et d’être connectés aux autres. Nous savons aussi qu’il existe une relation de réciprocité entre l’expérience d’être connecté aux autres et celle d’être connecté à soi-même (à sa propre essence).

Ces deux mouvements – se tourner vers l’intérieur, vers soi-même, et se tourner vers l’extérieur, vers les autres – se soutiennent et s’enrichissent l’un l’autre. Ainsi développer sa compétence relationnelle, s’entraîner à être en contact avec les autres,  a donc deux dimensions :

– exercer et nourrir notre propre capacité à nous connaître et à nous comprendre pleinement ;

– nous exercer à communiquer avec les autres à partir de ce qu’il y a de plus profond en nous, à partir de notre for intérieur.

Compétence relationnelle en milieu pédagogique

 

De nombreux professionnels de l’éducation sont aujourd’hui en difficultés, n’arrivant plus à faire autorité, à se faire respecter des enfants, des jeunes, voire des parents. Pour atténuer leur embarras, certains adultes cherchent à l’expliquer en faisant des enfants les bouc-émissaires ou en désignant les parents comme fautifs. D’autres décontenancés finissent par jeter l’éponge et s’orientent vers d’autres métiers. D’autres adultes encore choisissent de s’interroger sur comment construire avec les enfants et leurs parents des relations plus saines et fructueuses.

La compétence relationnelle, notion centrale de l’approche Familylab, est au regard de l’expérience du terrain des auteurs et professionnels du réseau, la clé pour l’empathie, l’écoute et le respect dont tous les partenaires ont besoin.

Elle se développe chez l’adulte au quotidien dans l’interaction avec les enfants qui développent, eux, simultanément leurs compétences sociales. C’est donc un travail de développement perso-professionnel, conscient et à long terme, et les formations que nous proposons sont un soutien dans ce sens.

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Une compréhension globale de l'éducation et de la socialisation

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Sur le respect, les relations et l'importance de la désobéissance

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Pour en savoir plus sur cet ouvrage référence

« La désobéissance des enfants n’est en rien une attaque du pouvoir des adultes. Ce n’est pas non plus l’expression d’une irresponsabilité sociale. Mais plutôt un moyen pour l’enfant de développer son intégrité et son sens de la responsabilité personnelle. »

Jesper Juul